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10 - Gestion des prairie: fertilisation

Prairies : exploitation et fertilisation

Les meilleures conditions ne sont pas toujours réunies, quant à la fréquence de pâturage ou encore au temps de repos nécessaire à la prairie lors de la repousse. L'intervention humaine peut, par une gestion éclairée des prés en période défavorable et par le recours modéré à la fertilisation, conduire à l'optimisation de l'exploitation des surfaces pâturables.

La vitesse et la qualité de la croissance des végétaux sont dépendantes de facteurs environnementaux et nutritionnels. Les conditions climatiques sont fondamentales, et la période hivernale froide et sombre n'est pas propice à la végétation. Les pâturages doivent alors faire l'objet de précautions particulières.

Les facteurs nutritionnels sont quant à eux le résultat du cycle naturel du sol enrichi par des apports exogènes : défécations des animaux, végétaux morts, azote atmosphérique fixé par les bactéries hébergées par les légumineuses. Il est possible d'agir directement sur ces facteurs par le biais de la fertilisation.

La fertilisation, un enjeu économique

Augmenter la possibilité d'apport alimentaire par le pâturage est le souci de beaucoup d'éleveurs qui ne disposent que d'une surface limitée, souvent bien en dessous d'un demi hectare à un hectare par cheval. Certes l'indice foliaire est une valeur plafonnée, mais elle n'est atteinte que lorsque tous les éléments nécessaires à la croissance sont présents, et d'autant plus rapidement que les conditions sont idéales.

Or une augmentation de la vitesse de croissance permet de mettre les animaux plus tôt au pré et de raccourcir le temps de repousse entre chaque exploitation. Une croissance en environnement idéal est aussi garante d'une bonne qualité alimentaire de l'herbe. L'enjeu économique est important et justifie le recours à la fertilisation. Pour croître, les plantes ont besoin non seulement d'air, d'eau et de lumière, mais aussi de macro et d'oligoéléments, la plupart constituant ce qu'il est convenu d'appeler la fumure de fond.

La fumure de fond

Soufre, magnésium, calcium, phosphore, potassium, fer, cuivre, zinc, comme tous les êtres vivants, les plantes ont des besoins étendus. Les éléments les plus importants dans cette liste sont le phosphore (P) et le potassium (K), ainsi que le calcium (Ca). Les besoins en P et K des prairies étant assez faibles, il faut se garder d'en faire un apport massif ce qui n'aurait pour effet que d'enrichir le sol et de générer une perte financière. En revanche, une carence en ces éléments peut également coûter cher par baisse de productivité. La solution à ce problème est un apport discret mais régulier.

Combien faut-il apporter ? Seule une analyse de la prairie permet de répondre à cette question. Cela consiste à faire pratiquer, par un laboratoire spécialisé, un dosage de P et K dans le sol, ou encore mieux et plus fiable, ce même dosage dans les plantes. Pour connaître le laboratoire proche de chez vous, renseignez-vous auprès d'un agriculteur ou d'une coopérative voisine. Dans tous les cas, il conviendra de faire la correction très progressivement en étalant les apports sur plusieurs années. Chaque apport doit être plafonné à 60 kg P et 160 kg K par hectare (chiffres INRA) maximum, et il est en général préférable que la quantité de K soit supérieure ou égale à deux fois la quantité de P.

Quand faut-il apporter ? C'est au moment où la plante en a besoin, c'est-à-dire juste avant la phase de démarrage en fin d'hiver qu'il est nécessaire d'agir. En France, la meilleure période est de début février à début mars. Les besoins ultérieurs lors des repousses successives en été et en automne seront assurés par le système écologique de la prairie, incluant le recyclage des crottins.

Que faut-il apporter ? L'apport doit se faire sous forme de sels rapidement disponibles donc très solubles, ce qui est le cas de toutes les présentations de potassium. En ce qui concerne le phosphore, les formes les plus usitées sont le phosphate d'ammonium, le phosphate bicalcique et les superphosphates.

L'azote, le moteur de la croissance

Le rendement en agriculture est déterminé principalement par l'azote (N) disponible pour la croissance. Pour cet élément aussi, les besoins des prairies sont modestes. Les apports excédentaires perturbent la croissance des légumineuses et favorisent l'apparition de maladies sur les végétaux. Ils sont à l'origine de la pollution majeure actuelle des cours d'eau et même de l'océan, car la fraction non exploitée est lessivée par les eaux de pluie et devient la nourriture d'algues vertes dangereuses. La modération doit être de mise.

Combien faut-il apporter ? Le dosage de l'azote dans le sol ou dans les plantes présente peu d'intérêt, ces chiffres étant extrêmement variables en fonction de la pluviométrie ou du stade de croissance végétale. Ils ne peuvent donc pas servir de base de calcul. Les apports réalisés sont conventionnellement de 25 à 50 kg N par hectare. Encore que ce maximum de 50 kg soit un chiffre plus adapté aux bovins dont les besoins azotés sont plus importants que ceux des équidés. Il est préférable de se tenir au bas de la fourchette.

Quand faut-il apporter ? Comme pour la fumure de fond, l'apport doit se faire au démarrage de la végétation en fin d'hiver. Le relais sera fait en été et en automne par la dégradation bactérienne de l'azote organique contenu dans le sol et par la fixation de l'azote atmosphérique par le biais des légumineuses. La fertilisation azotée des prairies en été et en automne n'est pas nécessaire et contribue essentiellement à aggraver la pollution.

Que faut-il apporter ? Ce sont les formes nitriques et ammoniacales de l'azote qui sont le plus fréquemment utilisées. L’urée, source organique d'azote, est plus délicate d'utilisation : une grande partie est perdue par volatilisation dans l'atmosphère de l'ammoniac dégagé, ce qui réjouit rarement le voisinage...

La prairie en hiver

L’eau, la chaleur et l'ensoleillement sont des éléments indispensables à la croissance des végétaux. Ces éléments leur sont apportés en quantités variables suivant les différentes régions et saisons. La croissance de l'herbe est plus rapide au printemps et en automne, saisons tièdes et humides, ralentie en été, saison sèche, et quasi nulle en hiver, à cause du froid et de la brièveté du jour.

Les temps de repos de la pâture doivent être modulés en fonction de la courbe présentée. Au début du printemps, il faut laisser suffisamment de temps pour le démarrage de la végétation, et ne pas mettre les animaux au pré trop tôt.

Entre avril et juin, la rotation de pâture peut être maximum, sans jamais passer sous la barre des 20 jours de repos.

En été, le temps de repousse doit être à nouveau allongé.

L’automne va quant à elle servir à préparer la difficile période hivernale. Puisqu'il ne faut pas compter sur une repousse ultérieure significative, l'herbe d'automne, dite de regain, doit être préservée pour l'hiver.

Si votre équidé est en box en quasi-permanence pendant la mauvaise saison, le pâturage hivernal n'est pas un problème pour vous. Pour les propriétaires qui considèrent que le bonheur est dans le pré, et pour les éleveurs en extensif, les mois froids sont délicats à négocier. Il s'agit d'assurer aux animaux un environnement décent sans hypothéquer la reprise printanière. La finalité du pâturage d'hiver ne peut pas être d'assurer la couverture alimentaire. L’apport d'un aliment complémentaire et de foin reste indispensable.

Pour conserver le potentiel de redémarrage de l'herbe au printemps, il faut éviter le surpâturage : l'idéal est de disposer d'un hectare environ par cheval adulte (un demi hectare pour un âne), divisé en parcelles qu'on laissera reposer au moins un mois, idéalement plus de deux mois, entre chaque exploitation.

Pour assurer la repousse de printemps, les animaux doivent être retirés de la pâture dès que la hauteur de l'herbe est inférieure à 5 cm. En pratique, peu d'éleveurs possèdent suffisamment de surface pour assurer une telle rotation. De plus, les équidés sont des animaux qui abîment sérieusement les prés par piétinement lorsque ceux-ci sont gorgés d'eau, ce qui est fréquent en hiver dans beaucoup de régions françaises. Il faut pouvoir disposer d'une parcelle assez grande et abritée qui sera sacrifiée à ces périodes particulièrement humides. Les équidés y seront parqués lors de fortes pluies. En contrepartie, cette pâture sera laissée au repos le reste de l'année ou presque, pour lui laisser un temps de récupération suffisant. Au pire, si l'hiver a été très difficile, elle sera cultivée l'année suivante. De toute façon, l'utilisation de cette parcelle de réserve lors de mauvaises conditions climatiques permet d'éviter la dégradation de toutes les autres pâtures.

En pratique...

La première étape d'une fertilisation raisonnée est le dosage des macroéléments que sont le potassium et le phosphore (mais aussi du magnésium et du soufre) dans la terre ou dans les plantes de la pâture concernée. En fonction des résultats, un engrais est choisi. Par commodité, on utilise un engrais ternaire dit engrais NPK, à moins qu'un seul élément ne soit à apporter. La quantité à l'hectare est ensuite calculée, en gardant bien à l'esprit qu'un kilo d'engrais n'est pas égal à un kilo du macro-élément apporté. Par exemple, 100 kg d'ammonitrate apportent 33,50 kg N. Si on veut apporter 25 kg N par hectare, il faudra donc (100*25)/33.50 = 75 kg d'ammonitrate par hectare.

Enfin, les résultats escomptés ne seront obtenus que si l'engrais est correctement épandu. Cela doit être fait au bon moment, c'est-à-dire en fin d'hiver, par temps sec et sur terre humide, pour obtenir une dissolution rapide sans pertes excessives et polluantes par lessivage. Le recours à un distributeur mécanique monté derrière un tracteur permet la répartition homogène de l'engrais sur toute la surface de la prairie. Ces machines sont réglables et il est possible de doser précisément la quantité utilisée à l'hectare. Si vous ne disposez pas d'un tel outillage, n'hésitez pas à faire appel à un agriculteur ou à une entreprise de travaux agricoles. Cela n'est pas très onéreux.

Qu'est-ce qu'un engrais NPK ?

Il s'agit d'un engrais contenant à la fois de l'azote, du phosphore et du potassium. Il existe toute une gamme de produits disponibles, les caractéristiques de chacun étant exprimées par trois chiffres, comme 15-8-24 ou 12-15-20 par exemple. Ces chiffres ont une signification précise : un engrais NPK 15-8-24 est un engrais qui contient 15% N, 8% P et 24% K. Un sac de 50 kg d'un tel engrais apporte donc 50 x 15% = 7,50 kg d'azote, 50 x 8% = 4 kg de phosphore et 50 x 24% = 12 kg de potassium au sol. Si l'on désire apporter 25 kg d'azote par hectare, il faudra donc épandre 25/7,5 = 3,33 sacs de cet engrais par hectare de pâture à traiter. Dans le cas d'un engrais ternaire, il faut bien vérifier les teneurs du sol en P et K pour s'assurer que les apports sont cohérents.

 

Références :
Pierre Castillon et col.  la fertilisation des prairies, chambre d'agriculture Midi-Pyrénées
Claude Gueydon : vers une meilleure fertilisation des prairies, chambre d'agriculture de la Loire
Pascal Le Coeur : la conduite des prairies, chambre d'agriculture du Finistère
Revue "Cheval santé" n°29.



02/08/2011
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