L'âne (généralités)
L'âne : présentation générale
Origines préhistorique et historique de l'âne
Les différentes races d'ânes
Caractéristiques morphologiques de l'âne
Les utilisations de l'âne et de ses produits
L'âne dans le monde : localisation et effectifs
L'âne en France : du déclin au renouveau
EN RESUME
Embranchement: | Vertébrés |
Classe: | Mammifères |
Famille: | Equidés |
Super-ordre: | Ongulés |
Ordre: | Périssodactyles |
Genre : | Equus |
Espèce : | asinus |
Origines préhistorique et historique de l'âne
C'est au Pléistocène (il y a environ un million d'années)
qu'apparurent les premiers équidés. Les données morphologiques, alliées à des
éléments de caryologie, permettent d'assurer qu'il existe à l'heure actuelle
trois rameaux principaux représentés par les chevaux, les ânes et les zèbres,
dérivés successivement de l'Equus du Quaternaire (LANGLOIS,
1973).
Quoique les vestiges de l'existence du cheval et de certains
asiniens à l'époque préhistorique soient assez nombreux, l'utilisation de ces
animaux fut plus tardive et leur hybridation est certainement postérieure au
néolithique ou période de la pierre taillée.
La domestication de l'âne
est, selon les auteurs, antérieure ou postérieure à celle du cheval. La question
est difficile à résoudre. Il serait plus exact de dire qu'il n'a pas été
primitivement utilisé dans la même aire géographique que le cheval. Il existait
en Grèce, au temps d'HOMERE (Iliade, Liv XI). HEREDOTE dit que, dans l'armée de
XERXES, " les Indiens se servaient tant de chevaux de selle que de chars
attelés de chevaux et d'ânes sauvages ". L'âne est figuré sur les plus
anciens monuments d'Egypte et il fait partie des objets que le pharaon donne à
Abraham. Ainsi, PIETREMENT écrit en 1870 : " les enseignements de l'histoire
ne laissent aucun doute sur les lieux de la première domestication de l'âne ; ce
sont les chaudes contrées aux environs de la mer rouge et des rivages du Sud-Est
de la Méditerranée ".
LINNE et CHARDIN placent en Arabie le
berceau de la race asine. De là, elle serait descendue en Egypte, puis en
Grèce, de Grèce en Italie et de l'Italie en Gaule. Les ânes se sont vite
répandus dans le sud de l'Europe, surtout dans les pays méditerranéens en raison
de leur résistance et de leur sobriété. Ce ne serait que plus tard qu'ils
auraient été conduits dans la partie septentrionale de l'Europe.
Ainsi
dispersé sous différents climats, puis soumis à la domestication au cours du
quatrième millénaire avant Jésus Christ, l'âne, par une ségrégation
intra-spécifique est à l'origine des races variées que l'on retrouve aujourd'hui
(AUDIOT, 1977).
Les différentes races d'ânes
Bien que l'on connaisse de façon à peu près certaine l'origine des
ânes domestiques, la famille asine est mal connue dans son ensemble. Des études
récentes ont permis d'établir cette généalogie.
Les ânes sauvages
L'âne sauvage africain
Ces ânes sont essentiellement localisés dans les zones arides de la
Corne de l'Afrique. On distingue en général deux sous-espèces : le nubien et le
somalien.
- L'âne de Nubie
(Equus asinus nubicus)
Il mesure en moyenne 1,25 m au garrot. Il a une robe grise, virant
légèrement au roux en été et porte une bande cruciale (ou croix dite de St
André) foncée sur l'épaule ; le museau, le ventre et la face interne des membres
sont blancs. Son poids varie de 200 à 240 kg. Cet âne serait à l'origine de
nos ânes domestiques.
Cette race chassée pour la nourriture mais aussi à
des fins thérapeutiques est aujourd'hui en voie de disparition : il ne resterait
plus que 1 500 à 3 000 têtes en Ethiopie et au Soudan, pays où la guerre et le
braconnage causent de graves dégâts à la faune indigène.
- L'âne de Somalie (Equus
asinus somaliensis)
Sa robe est grise, mais tire vers le gris-souris. Il mesure de 1,15
à 1,30 m au garrot et présente des zébrures foncées et abondantes aux jambes. Il
se remarque aussi à sa crinière noire et par l'absence de raie dorsale et de
bande cruciale.
Il est chassé pour la viande et certains sous-produits sont
inscrits à la pharmacopée.
Il ne restait en 1992 qu'une centaine d'animaux
dans la nature et environ 70 ânes en Somalie en captivité. Cet effectif étant
trop restreint pour envisager la survie de l'espèce, ces ânes sont
malheureusement voués à disparaître.
L'âne sauvage asiatique
Il est plus généralement appelé " hémione ". Ce nom est issu
du grec ancien (hêmonios) et signifie " demi-âne ". Son origine est
discutée, mais, aujourd'hui, il est plus apparenté aux ânes qu'aux
chevaux.
Son territoire s'étendrait sur la plus grande partie des steppes
depuis la mer Noire jusqu'à la côte pacifique et depuis l'Anatolie jusqu'au nord
de l'Inde. Les grandes variations de climat, de terrain et d'altitude ont obligé
ces équins à s'adapter à des conditions très diverses. Les spécialistes
distinguent, en effet, sur cette large aire d'extension au moins 8 sous espèces.
Nous pouvons citer comme exemple le Kiang, adapté aux conditions extrêmes des
hauts plateaux du nord de l'Himalaya ou bien l'Onagre, connu pour sa vélocité.
Au siècle dernier, l'effectif probable de l'ensemble de ces hémiones
sauvages était d'une centaine de millions de têtes. La multiplication des armes
à feu, l'extension de l'élevage avec l'occupation des rares points d'eau et la
diminution des pâturages disponibles ont conduit à leur déclin rapide dès la fin
du XIXème siècle. Il n'existe, aujourd'hui, plus que 10 000 têtes
environ.
Les ânes domestiques
SANSON, dans la seconde moitié du XIXème siècle, regroupe les races
d'ânes domestiques en ce que nous appellerions aujourd'hui deux " races
primaires " (DEVIS, 1995).
- la race d'Afrique, peut-être originaire d'Egypte,
qui s'est répandue dans le monde entier du fait de son aptitude au
travail. Elle toise 1 m à 1,30 m, se présente, le plus souvent, sous robe
gris souris à bande cruciale, mais d'autres couleurs existent (notamment le
blanc). S'y rattachent, pour SANSON, la race égyptienne souvent
blanchâtre, restée dans son pays d'origine, et la race commune, qui a
subi " toutes les dégradations possibles, sous l'influence de conditions
d'existence moins bonnes ",
- la race d'Europe, qui est
fondamentalement la race des zones méridionales de l'Europe. Elle toise au
minimum 1,30 m et fait souvent beaucoup plus. La robe est habituellement brun
foncé avec quelques zones blanchâtres. Les ânes d'Europe sont, principalement,
exploités pour la production des mulets. La race fournit, en outre, des
moteurs et des ânesses pour la production de lait. SANSON ne range que trois
races dans ce groupe : la race commune qui comprend tous les animaux ne
faisant pas l'objet de soins particuliers et qui se sont, parfois, plus ou moins
mélangés avec la race commune africaine ; la race de la Gascogne, de la
Catalogne et de l'Italie ; la race Poitevine.
Les ânes français appartiennent à cette dernière catégorie. Il
existe, à ce jour, en France, six races d'ânes officiellement reconnues par
l'administration des Haras Nationaux : l'âne du Poitou qui jusqu'en 1994
était la seule race reconnue, l'âne de Berry, l'âne gris de Provence, l'âne
des Pyrénées, le Cotentin et le Normand. Il existe, cependant, d'autres races en
cours de reconnaissance comme l'âne du Bourbonnais, l'âne du Perche et nombreux
autres ânes communs.
Caractéristiques morphologiques
(d'après RAVENEAU et DAVEZE, 1996)
- Le poids varie selon les individus et la race, de 80 kg pour un âne
nain à 480 kg pour un baudet du Poitou,- La hauteur du garrotva de 0,80 m à 1,60 m en moyenne,
- Le corps allongé mesure de 0,9 m à 1,60 m ; il se distingue par son
poitrail assez comprimé, plus épais et de forme à peu prés cylindrique vers la
partie postérieure,- Le dos est légèrement en oblique depuis le garrot, plus ou moins
proéminent, jusqu'au rein, qui est droit et légèrement déprimé. La colonne
vertébrale plus courte que celle du cheval, est constituée de vertèbres dorsales
très développées, c'est pourquoi les ânes ont le dos saillant et fort,- La queue, plantée haut, est pendante, assez longue et garnie de crins
à son extrémité,- La tête est allongée, le museau blanc, le bout du nez noir et l'œil
en amande,- La voix: l'âne brait et le cheval hennit,
- Les oreilles pointues, plantées haut, sont écartées à la base avec un
pavillon dirigé vers l'avant ; extrêmement mobiles, elles mesurent en général la
moitié de la longueur de la tête,- Leurs membres, comme chez tous les équidés, sont longs, bien détachés
du tronc et faits pour la marche,- Le pied de l'âne est plus droit que celui du cheval. Il ne faut pas
oublier cette particularité morphologique lors du parage.
Les utilisations de l'âne
(d'après CHAPPEZ, 2000)
L'âne est fondamentalement un outil de travail
indispensable dans les exploitations agricoles, mais surtout utilisé par les
pauvres gens en raison de son faible coût d'entretien et de sa polyvalence.
Le transport des personnes et des biens
L'âne est parfois utilisé pour le transport de personnes. Cependant,
son garrot bas, ses épaules et son épine dorsale saillante le rendent
désagréable pour la selle. De plus, le rachis de l'âne comporte une
vertèbre lombaire en moins que celui du cheval, se traduisant par une moins
grande souplesse dorsale. Il rend l'âne inconfortable au trot, mais augmente sa
force et améliore ses qualités de porteur. Ainsi, l'âne est un animal dont la
constitution se prête bien au port d'un bât. C'est pourquoi il a été, depuis
toujours, utilisé comme moyen de transport de marchandises. Il est
particulièrement apprécié en zone de montagne, car il marche avec assurance sur
les chemins pierreux escarpés.
Compagnon de labeur de l'homme
Depuis l'Antiquité, l'âne a été le compagnon de
labeur de l'homme, tirant la charrue pour labourer la terre avant les semailles,
dépiquant le blé ou l'orge après la moisson, tournant des journées entières sur
l'aire pour séparer les graines des tiges…
En France, l'âne a participé aux
labours jusqu'aux premières décennies de notre siècle.
Les ânes et l'armée
De tous temps, l'armée a employé ânes et mulets
d'abord en raison de la sûreté de leurs pieds sur les sentiers escarpés des
montagnes, mais également en raison de leur capacité à porter de lourdes
charges.
Au travail pour la distraction des
hommes
- Les promenades à dos d'ânes pour enfants
Jadis, dans les jardins publics de Paris et des grandes villes de
Province, les enfants avaient la possibilité de goûter aux joies de la campagne
en faisant une ballade avec les ânes, dans une voiture ou en selle.
- Les courses d'ânes
Les premières courses d'ânes semblent avoir été
organisées au siècle dernier en Vendée. Les ânes participant aux courses étaient
soit montés directement soit attelés. Ces courses se sont, peu à peu,
développées pour le divertissement des touristes dans les stations balnéaires ou
en banlieue parisienne.
- L'âne, animal de cirque
Jadis, les numéros réalisés au cirque avec des ânes étaient plus
nombreux que ceux exécutés avec le cheval. Compagnons des clowns, les ânes
étaient là pour faire rire le public.
- L'âne, animal de compagnie
Aujourd'hui, dans les pays industrialisés, l'âne est devenu un
animal de compagnie au même titre que le chien et le chat.
Les produits de l'âne
- Le lait d'ânesse
L'ânesse donne environ 3 à 6 L de lait par
jour. Son lait est celui dont la composition se rapproche le plus du lait de la
femme.Le lait d'ânesse est très
en g/L Lait d'ânesse Lait de femme Lait de vache Lait de chêvre Lait de jumentEau 896,3 873,8 876 873 923Matières grasses 15 38 32 44 6Matières protéiques 21,5 16,4 42 48,5 19Glucides 64 70 43 31 48Minéraux 3,2 1,8 7 3,5 4
nutritif car il contient plus de lactose et moins de matières grasses que le
lait de vache. Il a été utilisé pour l'alimentation des enfants mais, en raison
de son prix élevé, il a tout de même été remplacé par le lait de vache
stérilisé. On lui reconnaît également des vertus médicinales (contre la
tuberculose, les empoisonnements…) et cosmétiques (ie les bains de lait d'ânesse
de CLEOPATRE et de Pauline BONAPARTE). Le lait d'ânesse est de conservation
difficile car il fermente assez rapidement au contact de l'air.
- Le fumier
L'âne produit un fumier utilisé comme engrais pour l'amendement des
sols cultivés. Il est particulièrement avantageux dans les terres froides et
humides. Les anciens l'incorporaient dans des médicaments destinés au traitement
de toutes sortes de maux. Ils attribuaient également des vertus médicinales au
sang, à l'urine etc. Mais celles-ci ne sont pas confirmées.
- La peau, les os et la
chair
La peau de l'âne, très fine, très solide, dure
et élastique, servait une fois tannée, à fabriquer tambours, cribles, souliers…
ainsi qu'à la fabrication d'épais parchemins. Avec les os, les hommes
fabriquaient des instruments de musique. La chair des ânes a été diversement
appréciée suivant les époques et les contrées. Ainsi, dans la Bible, il est dit
que la viande de l'âne ne doit pas être consommée, car elle est considérée comme
impure. En revanche, les Grecs et les Romains consommaient la viande de l'âne.
En France, elle servait à confectionner des saucissons. On débitait toujours de
la viande d'âne en Provence avant la dernière guerre mondiale. Sur la face, les
muscles des ânes sont plus épais et plus rouges que chez le cheval. Certains
reconnaissent à cette viande une qualité supérieure à celle du cheval, alors que
d'autres la trouvent plus dure et plus insipide et la considèrent comme
inconsommable au vu de sa qualité sanitaire.
PRESSAT, en 1837, s'étonnait que, avec toutes
ses qualités, l'âne soit si peu prisé. Il le mettait sur le compte des reproches
qui lui sont faits d'être lent, paresseux et entêté, mais ajoutait que cette
mauvaise réputation venait sans doute de " ce préjugé funeste que plus il est
chargé, plus il est battu, mieux il va (…) c'est pour avoir été trop forcé,
trop battu (…) qu'il se montre revêche, paresseux et têtu ".
L'âne dans le monde
Le tableau 2 ci-dessous présente l'évolution de
la population asine entre 1965 et 1999 dans les différents continents.Les
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 1999 Afrique 10 700 10 960 11 090 11 500 11 800 13 700 14 900 15 000 Amérique du Nord 16 19 20 21 24 53 52 52 Amérique du Sud 3 300 3 700 4 200 4 000 4 000 4 020 5 060 4 070 Asie et Pacifique 16 100 17 600 18 100 17 300 19 800 21 000 20 900 19 900 Europe 2 200 1 700 1 500 1 300 1 150 1 000 840 750 MONDE 32 316 33 979 34 910 34 121 36 774 39 773 41 752 39 772
chiffres nous permettent de distinguer deux catégories de continents :
- Ceux où les effectifs asins sont faibles (inférieurs à 2 millions) et qui
correspondent à des continents où les pays sont dits " développés ",- Ceux où les effectifs asins sont élevés et qui correspondent à des
continents où les pays sont dits " en voie de développement ".
La population asine, après avoir connu une augmentation
relativement importante au début des années 80, tend aujourd'hui à se
stabiliser. Cette forte progression suit celle des deux continents où les
ânes sont les plus nombreux : l'Asie et l'Afrique. Les deux premiers
pays, concernant les effectifs asins, sont la Chine, avec 11 millions d'ânes en
1995, et l'Ethiopie (environ 5 millions). Les effectifs d'Amérique du sud se
montrent très stables alors que ceux d'Amérique du nord augmentent lentement et
ceux d'Europe diminuent.
Pour expliquer ces variations, il faut
mettre en parallèle les effectifs numériques d'un continent et le rôle que
tient l'âne dans ces contrées.
Dans les pays en voie de
développement (comme en Asie ou en Afrique), où la mécanisation reste encore
faible, les ânes occupent des fonctions extrêmement importantes dans la vie de
tous les jours. Ils sont, en général, utilisés pour le transport, montés, bâtés
ou attelés. Ils vont chercher de l'eau ou du bois de chauffage ou bien amènent
des produits au marché. Ils sont, également, employés pour de nombreux travaux
dans les champs (labours, semailles…). Sobres, résistants et endurants, les ânes
sont particulièrement appréciés dans ces régions.
Dans les pays
développés, en revanche, les hommes ne ressentent plus la nécessité de
travailler avec des ânes puisqu'ils possèdent une mécanisation performante et
abordable. Tracteurs et autres engins motorisés ont vite remplacé les ânes,
expliquant les faibles effectifs que l'on retrouve dans ces pays. S'il existe
encore des ânes et que l'on observe même une légère augmentation des effectifs,
c'est grâce au regain d'intérêt du public pour les ânes qui deviennent,
aujourd'hui, des animaux de compagnie.
L'âne en FranceDès le début du XXème siècle, on assiste à une
régression générale des effectifs asins français : la modernisation de
l'agriculture, sa mécanisation vont laisser les ânes sur le bord du
chemin.Cependant, on assiste, depuis les années 90, à un
retour en grâce de l'âne malgré le statut médiocre qui l'a accompagné
tout au long des siècles. Il doit en grande partie son regain de popularité aux
passionnés de randonnées. La première location d'ânes a été lancée en
1979 dans le Lot. Cette forme de loisir attire de plus en plus de gens (RAVENEAU
et DAVEZE, 1996).
En outre, l'âne devient lentement l'animal de
compagnie de la famille au même titre que le chat ou le chien. Il peut
gagner sa pitance en servant de débroussailleuse écologique, entretenant et
défrichant herbages et parcelles non cultivées. Il peut même servir de
thérapeute auprès d'enfants handicapés (CHAPPEZ, 2000).
Mais, le baudet du Poitou se démarque des autres ânes. Il s'agit d'une race qui a toujours été très marginale du fait de sa morphologie et de son histoire. Son usage le
caractérise : le baudet du Poitou est depuis toujours sélectionné pour la
production de mules.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 13 autres membres